L’expansion du virtuel

par | 29 Déc, 2020 | realite augmentee | 0 commentaires

Le développement du Virtuel, de ses technologies, de ses interfaces, de ses univers est mondial, fulgurant, exponentiel. Les interfaces et mondes virtuels font déjà partie prenante de notre quotidien et ne cessent d’accaparer toujours davantage de notre temps réel.

Dans un futur proche, les interfaces de réalité virtuelles et augmentées seront la norme, chacun disposera d’une paire de lunettes de réalité augmentée et d’interfaces de réalité virtuelle comme on possède aujourd’hui une banale paire de lunettes ou une télévision dans son salon. Cette intrusion grandissante des technologies virtuelles nous incite déjà toujours davantage à quitter notre monde réel pour s’immerger toujours plus loin et plus longtemps dans les mondes virtuels.

Les interfaces de virtualisation et les mondes virtuels se banaliseront comme l’on fait auparavant le cinéma, la télévision, le téléphone et même récemment le jeu vidéo. Volontairement ou malgré nous, nous apprenons à vivre avec ces myriades d’interfaces numériques qui nous entourent, maintenant nos smartphones, tablettes, écrans de toutes tailles et très bientôt nos casques de réalité virtuelle et lunettes de réalité augmentées. La plupart de nos activités personnelles ou professionnelles passent désormais par ces interfaces écrans. Travailler, échanger, écrire, dessiner, lire, se divertir, chercher son chemin, se déplacer, faire ses courses, se tenir informés de l’actualité, dessiner le plan de sa maison, etc. la plus grande partie de nos activités se sont en quelque sorte digitalisées. Il existe désormais des applications pour à peu près tout et des capteurs en tous genres viennent compléter l’arsenal de notre connectivité. Depuis seulement quelques dizaines d’années, c’est-à-dire rien à l’échelle de son évolution, notre corps biologique, et prioritairement nos yeux, doivent désormais s’adapter à l’ensemble de ces nouveaux espaces de virtualisation qui, parce qu’ils y regroupent la plupart de nos activités, de nos amis et collègues, pourraient bientôt devenir les principaux points de rencontre et d’évolution sociale d’une grande partie de l’espèce humaine.

Le virtuel ne cesse de devenir toujours plus accessible, plus immersif, plus palpable, son déploiement est exponentiel, mondial, il touche toujours plus de monde, de catégories sociales. Il ne cesse de croître et de nous donner de nouvelles facultés. Par les capacités et super pouvoirs qu’il donne, le virtuel pourrait y aspirer une bonne partie de l’humanité, voir pourquoi pas sa totalité. Il a déjà commencé à nous happer dans ses histoires, ses expériences, dans ses mondes, il pourrait devenir notre future réalité. La 5G amene la réalité augmentée partout avec nous. En vous promenant dans les rues de Londres vous pouvez passer un appel vidéo à 360 degrés avec un proche lui-même en train de courir dans les collines aux abords de Sydney.

Le Virtuel sera partout avec vous, il aura gagné le pouvoir d’enveloppement quasi permanent et le pouvoir d’ubiquité, disponible partout et sur tous supports. Le réel sera augmenté, envahi et métamorphosé par le virtuel. À l’image de cette vidéo quasi parodique d’Hyper Reality[i] , de l’artiste japonais Keiichi Matsuda qui nous projeté dans un monde sur virtualisé ayant fini d’affadir complètement le réel, ce dernier ne servant plus qu’à être le support du virtuel avec des QR codes partout pour que les technologies de réalité augmentée puissent s’y greffer. A un point où nous ne pourrions plus nous satisfaire du réel seul, sans augmentation visuelle ou sonore.

Imaginez un univers enveloppé par le digital, si réaliste que vous ne pourriez en discerner la virtualité. Un univers fait de milliards de polygones 3D, de textures hautes fidélité, de son surrond et de capteurs sensoriels qui si vous êtes immergé vous donne non plus l’impression mais bien la sensation d’exister ailleurs et de pouvoir exister partout. Imaginez que vous puissiez entrer dedans d’un simple mouvement, le modeler à votre guise et y rencontrer vos amis, vos collègues ou famille même si ceux-ci sont à des milliers de kilomètres de vous. Choisiriez-vous de demeurer cramponné à la réalité ou bien vous laisseriez vous tentés par des immersions de plus en plus fréquentes et bientôt quasi permanentes ? Les mondes virtuels que vous visiteriez et dans lesquels vous décideriez d’habiter, deviendraient votre nouvelle réalité, celle également d’une majorité de vos semblables ayant choisi de virtualiser une part toujours plus importante de leur temps et de leur existence. Arpenter ces mondes digitalisés donnerait l’impression de fouler le sol de nouvelles planètes, procurerait une excitation de la découverte permanente, mais aussi possiblement une lassitude constante, un besoin irrépressible de nouveauté perpétuelle.

Les plus grandes révolutions humaines se passent sans que l’on s’en rende vraiment compte. On multiplie des habitudes de comportement ou on adopte de nouvelles façons de penser, des nouvelles techniques de travail, de déplacement ou de divertissement et tout d’un coup tout a changé. Vous expérimentez chaque jour des couples ou personnes dans la rue qui même l’une en face de l’autre ne vont plus se parler mais regarder chacune de leur côté leur smartphone. L’humain est en train, sans vraiment s’en apercevoir, d’intermédier par le digital ses relations avec les autres. L’être ici, l’être là et l’être ensemble sont bouleversés par nos smartphones.
Nous sommes présents physiquement mais notre conscience est ailleurs. Les rapports aux autres, au temps et aux lieux sont métamorphosés par des technologies telles que les réseaux sociaux qui donnent l’illusion d’une proximité avec les autres.
« Les technologies deviennent des prothèses du corps et de l’esprit qui posent la question de savoir si ces outils ne finissent pas par nous commander. » Petit à petit nos actions du quotidien et nos manières de penser changent, évoluent par le biais des technologies qui ont envahi notre quotidien.
De même nous parlons de plus en plus à nos assistants personnels et robots ce qui conditionne nos façons d’interagir même avec nos congénères. Nous nous habituons à interagir avec des interfaces digitales guidées par des IA et le Big data qui finissent par nous conseiller au plus près de nos désirs et habitudes. « Le robot devient une part de notre esprit »[ii].

[i] Vidéo « Hyper Reality » – Keiichi Matsuda – YouTube

[ii] Hervé Juvin – conférence au Parlement de Bruxelles – 31 janvier 2017

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