Les voies de digitalisation

par | 29 Déc, 2020 | realite virtualisee | 0 commentaires

Pour dépasser les limites inhérentes à son monde réel, l’Homme pourrait choisir de quitter un jour son corps biologique, il digitalisera son existence pour la rendre sans limites et donc poursuivre indéfiniment son expansion de conscience.

L’humain ne passera peut-être pas par l’étape Cyborg, c’est à dire humain augmenté de capacités, il pourrait devoir se dématérialiser bien plus vite pour démultiplier ses capacités afin de répondre à sa volonté de croissance et la pression des IA Fortes qui auront la capacité d’évoluer simultanément dans le virtuel et le réel. Les contraintes de son monde réel l’incitent déjà à dématérialiser la plupart de ses technologies. Les limites de son enveloppe biologique pourraient bientôt l’inciter à s’en séparer.

Passer dans le virtuel, se dématérialiser permettrait à l’homme de s’affranchir de cinq des six principales contraintes de son corps, son organisme, ses muscles, son squelette son système cardio-vasculaire, son système immunitaire. Resterait sa psychologie. Le prix à payer pour aller vers la puissance d’un Dieu, créateur et maître de ses propres mondes, serait d’abandonner son corps mais, pour un être biologique, quitter son corps ou le mettre de côté en branchant son cerveau, pourrait le rendre encore plus vulnérable qu’il ne l’est.
Couplé au fait de quitter son monde réel, tel un astronaute sortant de la gravitation terrestre, l’être humain n’aurait plus vraiment les caractéristiques d’un être humain.
Prendrons-nous la place des machines ou les machines prendront elles notre place ? Le numérique est-il notre seule issue ou bien existe-t-il d’autres états dans lesquels l’Humain pourrait se dématérialiser ? Fera-t-on le choix de quitter nos enveloppes biologiques ou bien de les augmenter jusqu’à ce que la frontière entre biologique et digitale soit si ténue qu’il devienne impossible de les dissocier ?

La première étape est très actuelle, notre réalité s’est considérablement complexifiée de contraintes, normes, règles, … et notre monde surexploité et surpeuplé nécessite d’être rationalisé toujours davantage. Nous démultiplions les prouesses technologiques pour tenter de le comprendre et de l’exploiter à l’optimum, récemment pour tenter de le préserver… A ce stade, la technologie accompagne l’Homme au quotidien dans ses activités professionnelles, artistiques, personnelles et de loisir. Parallèlement l’Homme devient de plus en plus dépendant, rivé chaque jour toujours davantage à des écrans, interfaces et capteurs.

Dans un second temps peut-être pas si lointain, les IA et les mentalités continuant d’évoluant sans cesse, les technologies exerceront une pression grandissante sur la société humaine tout en lui ouvrant des perspectives de divertissement et d’évolution sans précédent. L’Homme pourrait alors faire le choix de s’augmenter biologiquement et artificiellement pour rester compétitif face à la machine. Il deviendrait Homme augmenté, bardé de capteurs et de puces branchées à son cerveau. Son environnement bâti suivant le même processus de connectivité. Mais l’augmentation des capacités cognitives et des possibilités offertes par le digital pourraient exacerber les besoins de l’Homme et renforcer encore davantage la sensation de se sentir à l’étroit dans sa réalité actuelle.

Deux chemins vers la digitalisation pourraient se dessiner. Ils pourraient n’être que des étapes ou bien coexister en opposition ou bien parallèlement : 

#1 Le premier chemin est celui de l’augmentation biologique. L’Homme ferait le choix de s’augmenter tout en demeurant dans son enveloppe biologique initiale, donc physiquement dans la réalité actuelle. L’homme continuerait à s’augmenter jusqu’à devenir une forme de machine pouvant se connecter instantanément aux mondes virtuels mais son cerveau demeurerait sur un socle biologique. L’Homme pourrait rester vivant dans le réel et créer une copie digitale de soi transplantée dans une matrice Virtuelle ou une enveloppe artificielle.

#2 Le second chemin serait celui de la dématérialisation digitale impliquant l’abandon total du corps biologique au profit d’autres réalités virtuelles crées par l’Homme ou les machines. L’Homme se transfère dans le digital, il sort totalement de son état biologique, sa conscience est une copie numérique prête à accueillir des augmentations et préparée à la vie éternelle. L’Homme ne peut plus être qualifié d’humain car son enveloppe corporelle peut désormais prendre la forme de multiples enveloppes virtuelles. L’Homme pourrait également réinjecter sa conscience dans une voir des machines robots arpentant notre monde Réel actuel et le Virtuel. Une conscience unique devient multiple dans une variété de corps numériques. La personnalité serait multiple, ce serait la fin de la notion d’Homme unique.

Puis ultérieurement, l’Homme pourrait atteindre un niveau technologique et de conscience suffisamment avancé lui permettant de rejoindre un état non plus seulement numérique mais quantique, proche de la matière data constituant notre 1er univers, il deviendrait une conscience d’état de matière généralisée, une forme de dieu capable d’agir sur le monde réel et virtuel simultanément ? L’être humain aurait gagné le pouvoir de réplication infinie et éternelle


La digitalisation de l’Homme pourrait suivre le même chemin que celui de l’Intelligence. D’abord « biologique », désormais « artificielle », puis « augmentée », elle pourrait devenir « absolue » puis « autonome », laissant derrière elle une réalité abandonnée ?

#Virtuel biologique

Le Virtuel « biologique » peut-être associé à notre imaginaire qui demeurera encore pour longtemps le plus puissant et illimité de tous les vecteurs de projection fictionnelle. Celui-là même qui me fait écrire ce livre et imaginer des futurs potentiels, celui-là même qui vous propulse souvent pendant le jour et vos nuits dans des mondes quasi palpables construits par la simple puissance de votre esprit et de vos émotions.

#Virtuel artificiel

Le Virtuel d’aujourd’hui est à un stade que nous pourrions qualifié d’ « Artificiel », il se vit au travers d’interfaces peu naturelles pour l’Homme et d’écrans aux périmètres plus ou moins rectangulaires qui nous renvoient un sentiment d’Artifice et d’immatérialité des contenus. Jeux vidéo et expériences ludiques numériques évoluent certes très vite mais présentent encore des niveaux de réalisation et d’interactivité qui ne nous immergent pas encore pleinement, ne nous déconnectent pas complètement de notre réalité. En parallèle de ce virtuel artificiel qui progresse, nous déléguons de plus en plus de nos tâches physiques et intellectuelles aux machines et ordinateurs. Nous abandonnons certains pans de notre Intelligence biologique réelle au profit de machines qui deviennent quant à elles augmentées. De même, nous abandonnons de plus en plus de notre temps réel au profit de mondes virtuels. Nous semblons ainsi abandonner progressivement notre réalité au moment où elle a le plus besoin de nous. Notre intelligence et notre temps qui forment une importante partie de notre perception de la réalité se retrouvent ainsi progressivement abandonnés au profit de mondes Virtuels qui pourraient ainsi devenir Augmentés.

#Virtuel augmenté

Le virtuel a le potentiel à augmenter l’Humain, à lui donner des super pouvoirs, ou parfois lui faire regagner les facultés désapprises pendant son évolution. Ce stade d’évolution du virtuel sera caractérisé par deux facteurs, la qualité d’immersion et la progression du nombre d’humain ayant souscrit aux mondes virtuels. La réalité augmentée se développe très rapidement, le virtuel se mixte à notre monde réel pour l’augmenter. En parallèle, la réalité virtuelle devient toujours plus englobante, plus immersive, elle gagne chaque année en maturité pour augmenter sans cesse nos capacités d’interactions avec les mondes virtuelles auxquels elle permet d’accéder. Ainsi, réel et virtuel deviennent « Augmenté » en se projetant partout dans notre monde réel, en l’augmentant. En moins de dix ans nous passons désormais le plus clair de notre temps plongés dans nos smartphones qui eux-mêmes deviennent rapidement des interfaces de réalité augmentée pour vous aider au quotidien à trouver votre chemin – tel Google Maps AR, pour nous divertir – telles les applications d’AR dans les stades, nous faire voir les choses autrement – telles des applications d’explication du corps humain, pour nous faire travailler plus efficacement – telle des applis de réalité augmentée pour la maintenance des avions ,etc. Le réel Augmenté sera une étape charnière car, en transformant notre perception du réel et en nous donnant de nouveaux pouvoirs, donc de nouvelles habitudes, le Virtuel pourrait remporter l’adhésion en masse et convaincre l’humanité de passer à la troisième étape, celle d’un Virtuel « Absolu ».

#Virtuel absolu

Devenu une partie de nous, car nous immergeant à chaque instant de nos vies, le Virtuel rentrera dans sa phase « absolue ». Nous y passerons le plus clair de notre temps et surtout il sera devenu global, il aura absorbé la quasi-intégralité de l’Humanité qui s’y retrouvera pour travailler, se divertir, voire même s’y reproduire ? Ce Virtuel absolu nous offrira ce que le réel par définition limité ne peut nous offrir, c’est-à-dire des espaces infinis, des choix multiples, des pouvoirs qu’on associait il y peu à Dieu, des interactions décuplées avec les autres, des avenirs potentiellement multiples. Le Virtuel Absolu repose sur les mêmes principes que l’IA Forte, c’est à dire qu’il considère l’humain comme un « ordinateur complexe » totalement virtualisable, dont il est donc possible de numériser et dématérialiser l’intelligence, les émotions, la conscience, voir même les pensées et les capacités d’imaginaire. Au même titre que l’Intelligence Artificielle dispose de sa théorie générale ayant pour objectif de proposer une augmentation ou une substitution d’intelligente pour tous les individus et toutes les entités, la virtualisation pourrait elle-même vouloir être générale et globalisante avec pour objectif d’embarquer tous les êtres humains, animaux, entités végétales mais aussi robots ou plutôt IA.

#Virtuel autonome

Le développement des IA étant inarrêtables, et ayant appris grâce à l’Homme à comprendre et créer des mondes virtuels, il arrivera un moment, anticipé par certains vers les années 2080 – 2100, où ces dernières pourraient devenir Autonomes. Ces Intelligences Autonomes pourraient alors devenir conceptrices de mondes virtuels et davantage d’ailleurs pour leur propre compte que pour le nôtre si nous venions à ne pas anticiper ces phénomènes.  L’un de ces plans de développement pourrait être de se créer un ou des monde(s) à leur « image ». C’est ce que nous explorerons dans le dernier chapitre de ce livre. Ces mondes pour créés par et pour les machines pourraient totalement échapper à nos capacité de compréhension et de vie.

#Réalité abandonnée

Dans l’hypothèse où l’espèce humaine serait en quasi-totalité « dématérialisée », le monde réel pourrait alors n’avoir pour seul rôle que de maintenir en vie notre corps biologique. Nous serions sous perfusion virtuelle, notre esprit pourrait petit à petit ne percevoir la réalité que comme un des multiples virtuels possible, une énième expérience parmi d’autres. Le monde réel, parce qu’il aurait perdu sa saveur en comparaison de ces mondes virtuels absolus, et parce qu’il nous ramènerait sans cesse à notre fragilité terrestre, pourrait alors devenir le monde le moins enthousiasmant de tous à parcourir, le plus risqué pour y établir sa vie, celui dans lequel on aurait le moins de pouvoirs, le moins de perspectives de divertissement, le moins de rencontres et d’avenir professionnel.

Si l’Homme venait à quitter en tout ou partie son monde réel et son corps biologique, cela se ferait-il au détriment de ces derniers ? Très certainement. Abandonner le réel, c’est fuir les responsabilités que ces derniers nous imposent.

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